L’ICCROM tient à exprimer sa solidarité et sa profonde sympathie au peuple brésilien ainsi qu’aux autorités œuvrant pour le patrimoine pour les tristes pertes occasionnées par l’énorme incendie qui a ravagé dimanche dernier le musée national, vieux de 200 ans, à Rio de Janeiro.
Près de 90 % de ses précieuses collections, comprenant 20 millions d’objets, auraient été détruites. Cet incident catastrophique représente une perte inestimable pour l’humanité, compte tenu de l’importance primordiale de ces collections en termes de valeurs sociales, éducatives, historiques et scientifiques.
Malheureusement, cette tragédie ne constitue pas un cas isolé parmi ceux affectant notre patrimoine culturel. D’importants biens patrimoniaux ont récemment été gravement touchés par d’importants incendies dans d’autres régions du monde, et notamment au musée maritime de Jakarta, en Indonésie (en janvier 2018), à la Glasgow School of Art, au Royaume-Uni (en mai 2014 et au mois de juin 2018) et au Musée national d’histoire naturelle de Delhi, en Inde (en avril 2016).
Les incendies constituent un danger majeur pour les collections patrimoniales du monde entier. Bien que cela puisse apparaître comme un « événement rarissime » du point de vue d’une seule institution, les grands incendies peuvent prendre un caractère ordinaire si l’on se réfère à l’intégralité du patrimoine d’une nation. En outre, leur impact est généralement catastrophique, entraînant une perte totale ou quasi-totale des collections affectées.
L’analyse quantitative des risques effectuée par l’ICCROM et ses partenaires au Canada, en Amérique latine et dans d’autres parties du monde, grâce à la méthode ABC, indique systématiquement que les incendies représentent un risque prioritaire à réduire en matière de collections patrimoniales.
Conscient de cette menace majeure pesant sur le patrimoine culturel, l’ICCROM s’efforce de sensibiliser ses États membres et améliorer leur capacité de mise en œuvre des politiques et mesures efficaces de prévention des incendies et d’intervention, grâce à ses programmes axés sur la conservation préventive, la gestion des risques, et l’aide d’urgence au patrimoine culturel en temps de crise.
En début d’année, l’ICCROM et le programme d’Ibermuseus ont lancé l’adaptation portugaise et espagnole du Guide sur la gestion des risques du patrimoine culturel, initialement publié en anglais et en arabe par l’ICCROM et l’Institut canadien de conservation.
Il reste toutefois encore beaucoup à faire afin d’apporter un changement significatif en faveur de la sauvegarde du patrimoine culturel mondial contre les incendies, et notamment sensibiliser les décideurs en vue de l’établissement d’une culture de gestion des risques d’incendie, en étroite collaboration avec les services responsables du patrimoine, les autorités de prévention des incendies et les communautés locales. L’ICCROM continuera d’œuvrer à la réalisation de cet objectif.