Bruxelles, Belgique, 3 et 4 septembre 2015
Prisonnières de formats obsolètes, menacées de dégradation et de ruine, la quasi-totalité des collections de sons et d’images est confrontée à une menace imminente d’extinction. En conséquence, le monde risque de perdre une quantité abondante de connaissances et d’informations – une richesse qui lie les communautés entre elles, et qui s’avère essentielle pour préserver notre diversité naturelle et culturelle.
Est-il possible d’empêcher cette perte ?
L’ICCROM et le Royal Institute for Cultural Heritage (KIK-IRPA) en Belgique se sont associés pour traiter cette question en accueillant une conférence internationale sur le thème « Déverrouiller le patrimoine de sons et d’images ». L’initiative est soutenue par un ensemble de 15 institutions culturelles nationales et internationales spécialisées dans ce type de patrimoine audiovisuel, et rassemble plus de 150 créateurs, collectionneurs, praticiens du patrimoine culturel, décideurs, innovateurs et chefs d’entreprise de plus de 40 pays.
Les connaissances actuelles sur la conservation et l’accès au patrimoine audiovisuel sont fragmentés et souvent confinés dans des domaines de compétence séparés. Le programme de l’ICCROM pour la conservation des collections de sons et d’images (SOIMA) a activement participé à concevoir des initiatives visant à remédier à cette problématique mondiale. Cette conférence internationale encourage une collaboration interdisciplinaire et un échange de connaissances, afin de garantir que le patrimoine de sons et d’images continue d’exister.
Envisager de nouvelles stratégies
Première conférence de ce genre, SOIMA 2015 : Déverrouiller le patrimoine son et image a innové en rassemblant un groupe hétérogène de créateurs, collectionneurs, restaurateurs et utilisateurs, qui ont exposé leur vision du patrimoine audiovisuel dans 10 ans.
Pour que cette vision se concrétise, les participants ont proposé des stratégies, notamment des partenariats public/privé, le développement de plateformes en accès libres, et la suppression des barrières institutionnelles et professionnelles, afin d’encourager un échange plus important de compétences.
Moments forts
Les moments efforts de la conférence SOIMA ont inclus une présentation de Mshai Mwangola, metteur en scène, conteuse, rhétoricienne et intervenante pour TEDX ; un exposé de Chris Lacinak, fondateur et président d’AudioVisual Preservation Solutions sur un calculateur de rentabilité novateur pour la conservation numérique ; et un débat animé par Howard Besseur, fondateur et directeur du programme de l’Université de New York « Moving Image Archiving and Preservation Program » (MIAP), sur la comparaison entre l’accès libre et la gestion des droits.
Les participants à cet événement ont aussi assisté à un concert et un exposé de David Monacchi, artiste spécialisé dans le son, chercheur et compositeur éco-acoustique, sur les complexités aco-acoustiques des forêts équatoriales encore intactes. Son projet pluridisciplinaire, intitulé Fragments of Extinction, décrit les derniers territoires des forêts tropicales primaires équatoriales intactes.
La conférence s’est achevée par un exposé passionnant de Daudi Were, fondateur et directeur d’Ushahidi, une application de crowdsourcing rassemblant plus de 6,9 millions d’utilisateurs. Cet exposé a été suivi d’un concert audiovisuel de Timbila Tracks, produit par Matchume Zango et Walter Verdin, qui ont proposé des solutions pour conserver et actualiser la culture musicale traditionnelle du Mozambique, en voie de disparition.
Vers l’avenir
Cette conférence a représenté l’aboutissement de près d’une décennie d’activités inédites en matière de formation à la recherche. Il est désormais évident que l’ICCROM doit poursuivre ce travail et encourager les professionnels à communiquer entre eux et à chercher des solutions pour l’accès et la restauration de ce patrimoine précieux, mais fragile.
Le Centre régionale de conservation ICCROM-ATHAR a joué un rôle éminent dans cette initiative, en insistant sur la nécessité de développer ces activités dans la région arabe. Si plusieurs initiatives ont déjà eu lieu dans cette région, il est de plus en plus crucial d’influencer les politiques à tous les niveaux et de créer un cadre holistique fondé sur les communautés en vue d’une préservation efficace des sons et des images. En conséquent, un programme de formation pourrait y avoir lieu en 2016. Il soutiendra les institutions dont les artefacts audiovisuels représentent la mémoire collective et le patrimoine de la région arabe.
Cette conférence concluait une semaine d’atelier international sur le Patrimoine durable de sons et d’images, qui s’et déroulé du 27 août au 2 septembre 2015. Il était organisé au Flemish Interface Centre for Cultural Heritage (FARO) et dans d’autres sites de Bruxelles. L’atelier tentait de répondre aux défis de la collecte, la préservation et l’utilisation (et réutilisation)à des sons, des images fixes et des images animées dans le contexte plus large des technologies en évolution constante et de l’amenuisement des ressources.