Après avoir pris connaissance du tremblement de terre dévastateur qui a frappé le Népal, l’ICCROM a mené une initiative débouchant sur la création, grâce à l’outil en ligne Crowdmap, d’une carte des urgences culturelles à Katmandou (Kathmandu Cultural Emergency Crowdmap), qui a permis de centraliser un grand nombre d’informations provenant du terrain relatives au patrimoine endommagé. Un aperçu global de l’étendue des dégâts a immédiatement été créé, et une équipe internationale est actuellement à Katmandou afin de réaliser le travail préparatoire nécessaire à la conduite d’une intervention de sauvetage durable.
« Les évaluations sur le terrain nous ont permis de constater que la population au Népal s’est manifestée afin de sauvegarder et de sécuriser ses sites culturels, ses lieux saints, et les places des villes », rapporte Aparna Tandon, responsable du programme sur les risques de catastrophes pour le patrimoine culturel à l’ICCROM, le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels.
En collaboration avec des experts de l’ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites), l’ICOM (Conseil international des musées), la Smithsonian Institution, le Bureau de l’UNESCO à Katmandou et avec le soutien généreux du Prince Claus Fund (Pays-Bas), l’ICCROM travaille en étroite relation avec le Département népalais d’Archéologie, afin d’élaborer un plan stratégique permettant de mettre en place le sauvetage et la récupération du patrimoine culturel, en coordination avec l’aide humanitaire déployée sur place.
Dans la mesure où l’ampleur des dégâts est immense et les ressources limitées, il est nécessaire de concevoir et de tester des processus appropriés en termes d’interventions de stabilisation et de récupération, pouvant être ensuite adoptés et appliqués au cours des mois à venir à d’autres collections et sites affectés. Dans ce but, l’équipe offrira des formations intensives destinées aux personnes travaillant dans le domaine du patrimoine culturel local et aux volontaires, concernant deux biens du patrimoine népalais : la collection du musée du palais d’Hanuman Dhoka, et le Temple de Sankarapur à Sankhu.
L’ICCROM bénéficie d’une expérience considérable en matière de formation à l’urgence pour les praticiens du patrimoine culturel en cas de crise ou de catastrophe. A la suite du tremblement de terre qui a frappé Haïti en 2010, Aparna Tandon a développé une méthodologie innovante que l’ICCROM appelle « L’aide d’urgence au patrimoine culturel ». Depuis, des cours se tiennent régulièrement sur ce thème à travers le monde, et les participants aux premières éditions du cours sur l’Aide d’urgence enseignent à présent les processus aux autres. L’idée est de développer les capacités locales et de renforcer leur résilience pour faire face à une future catastrophe.
« Depuis sa création, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la mission de l’ICCROM a toujours été associée à la récupération du patrimoine culturel en cas de catastrophe. Nos soixante années d’expérience nous ont enseigné que « l’aide d’urgence culturelle » restaure d’abord la dignité, l’identité, et la foi en la valeur du patrimoine, désespérément nécessaires face à une perte immense. D’autre part, il devient de plus en plus crucial de se tenir prêt à l’éventualité d’une catastrophe, donc il est aussi nécessaire de créer des structures organisationnelles capables de réagir rapidement et efficacement », indique Stefano De Caro, Directeur général de l’ICCROM.
« Nous sommes actuellement en crise et en deuil, face à une dévastation inimaginable et à des pertes insurmontables. Les temples, les stupas, et les autels en bord de chemin sont autant de symboles matériels de notre patrimoine culturel, de notre foi, qui nous unit en tant que nation », explique Dina Bangdel, historienne culturelle spécialiste de l’art népalais qui travaille actuellement avec le Département d’Archéologie en vue de sauver le site du patrimoine mondial de Swayambhu et le temple de Shantipur qui lui est associé. « En cette période critique, les efforts déployés par l’ICCROM en termes de récupération culturelle aussi bien pour la première phase qu’à long terme, sont nécessaires et urgents, et s’avèreront précieux pour permettre au Népal de reconstruire une nation et de retrouver l’espoir », ajoute Bangdel.
La mousson approchant, ces activités sont d’autant plus fondamentales que le patrimoine culturel risque des dégâts supplémentaires.