Est-il possible de préserver un patrimoine culturel pris intentionnellement pour cible, comme on peut le constater aujourd’hui en Syrie ou en Irak ? À la suite de catastrophes naturelles de grande ampleur, comme dans le cas du cyclone Pam, comment récupérer rapidement et efficacement le patrimoine culturel ?
Au cours des quatre prochaines semaines, 21 professionnels venant de régions exposées à ces risques, comme Gaza, le Guatemala, Haïti, les Philippines, la Syrie, ou encore l’Ukraine, se réuniront à Amsterdam pour prendre part au cours international sur l’Aide d’urgence au patrimoine culturel en temps de crise, organisé conjointement par l’ICCROM, la Smithsonian Institution, la Commission nationale néerlandaise de l’UNESCO, et 11 institutions nationales dont les Ministères néerlandais de la Culture et de l’Éducation.
Il s’agit du quatrième cours international sur l’Aide d’urgence, organisé dans le cadre du programme sur la gestion des risques de catastrophes de l’ICCROM et de divers partenaires.
L’Aide d’urgence au patrimoine culturel en temps de crise vise à doter les « urgentistes » culturels proactifs des compétences et connaissances nécessaires pour travailler avec les communautés et d’autres acteurs d’urgence traditionnels afin de protéger le patrimoine culturel lorsqu’une situation de crise se développe.
« La culture n’attend pas, crédo des Urgentistes, vient de l’idée que, pour les communautés déracinées à la suite de catastrophes, la culture, sous sa forme aussi bien matérielle qu’immatérielle, représente un fil conducteur et aide à surmonter le traumatisme lié à la perte et au déplacement, raison pour laquelle on ne peut la dissocier de l’aide humanitaire », explique Aparna Tandon, responsable du cours et Spécialiste de projet à l’ICCROM.
Cette formation, multidisciplinaire, bénéficie des contributions d’autres acteurs présents dans les situations d’urgence, comme les militaires et les humanitaires. Simulations d’événements d’urgence, jeux de rôles, et discussions de groupe aideront les participants à développer leurs compétences en matière de leadership. La formation les encouragera à jouer un rôle clé dans la création d’initiatives de gestion du risque de catastrophe pour le patrimoine culturel de leurs pays respectifs.
A l’issue de la formation, un nombre limité de subventions de démarrage sera offert, et les participants seront invités à répondre à un appel à propositions. L’objectif sera d’utiliser les connaissances acquises durant ce cours pour renforcer les capacités en gestion du risque de catastrophe pour le patrimoine culturel à l’échelle régionale.
Qui sont les « urgentistes » culturels ?
Un urgentiste culturel est une personne disposant des connaissances et compétences nécessaires pour documenter et protéger le patrimoine culturel durant une situation d’urgence complexe. Cette personne est :
- proactive mais sensible aux besoins humains ;
- respectueuse du contexte local ;
- capable de favoriser la confiance et la compréhension entre des personnes ayant des opinions différentes ;
- en mesure d’élaborer et de mettre en œuvre des interventions d’urgence pour protéger le patrimoine culturel, en coordination avec d’autres organismes de secours ;
- en mesure de constituer et de gérer des équipes ;
- capable d’évaluer et de réduire les risques futurs afin de garantir une prompte récupération du patrimoine.